6
Kian ne réveilla pas Azilis avant l’aube comme il le lui avait promis la veille. Son sommeil était si profond qu’il n’avait pas le cœur de l’interrompre. Et puis le bonheur de la tenir ainsi assoupie contre lui était trop grand pour l’échanger contre quelques heures d’inconscience. Il n’avait aucune envie de dormir. Il était heureux.
Pleinement. Pour la première fois de son existence.
Peu à peu, le petit jour s’immisça dans la pièce. Le merle chanta. Puis les autres passereaux. Kian caressa les cheveux d’Azilis, effleura ses lèvres d’un baiser. Il fallait partir, il le savait.
Elle s’étira en bâillant puis lui décocha le plus éclatant des sourires.
Il soupira de soulagement.
— Mais tu ne m’as pas réveillée ! Tu n’as pas dû dormir de la nuit !
— Je n’avais pas sommeil.
Elle s’assit, ses bras enserrant ses genoux.
— J’avais peur de découvrir Niniane au réveil, déclara-t-il. Je suis heureux de retrouver Azilis.
— Qu’est-ce que tu veux dire ?
— C’est Azilis que j’aime. Niniane est trop dure pour me plaire.
Elle réfléchit un instant.
— Eh bien, concéda-t-elle, pour toi je resterai toujours Azilis. Mais pour les autres, je serai Niniane.
Elle alla chercher des pommes et du pain qu’ils partagèrent sans plus parler. Kian refit le pansement de Luna et ils quittèrent la villa détruite sous un ciel nuageux qui annonçait la pluie.